Eva Joly aux journées parlementaires « Notre pays a besoin de justice, d’égalité »

Mes chers ami(e)s.

Je suis heureuse d’être parmi les élu(e)s de mon mouvement, ces femmes et ces hommes, qui sont les fers de lance d’Europe Écologie Les Verts dans les institutions de la République. Ils sont, en quelque sorte, des éclaireurs d’avenir. Et notre pays a bien besoin de lumière.

 

Je veux tout particulièrement féliciter les sénatrices et sénateurs nouvellement élus.
Je ne doute pas, que par leur travail au parlement, ils sauront montrer que la force qui est porteuse d’avenir, c’est l’écologie politique.

 

Le sénat est une vielle maison qu’il faut dépoussiérer, avant de la rénover de fond en comble, si demain une majorité nouvelle voit le jour dans le pays.

Cette majorité nouvelle pour la France, personne ne la souhaite plus ardemment que moi. Parce que l’actuel Président de la République, abime notre pays chaque jour davantage. En dressant les français les uns contre les autres, en défaisant le pacte républicain, en flattant l’impunité de ses amis, en affaiblissant les services publics . Nicolas Sarkozy avait promis la rupture, il n’aura en fait donné naissance qu’au desespoir.

Il est de notre responsabilité de redonner de la force à l’espoir. Nous voulons montrer à toutes celles et ceux qui ne veulent plus se résigner qu’un autre chemin existe, qu’une autre voie est possible. Notre pays a besoin de concorde. Notre pays a besoin d’égalité. Notre pays a besoin de justice. Je veux réconcilier les françaises et les français avec la politique.

A l’heure où les affaires se multiplient et où au plus haut niveau de l’État règne la confusion entre l’intérêt général et les intérêts privés, nous voulons redonner ses lettres de noblesse à la politique. Je veux dire aux Français qu’à travers toute ma carrière, j’ai vu des élus de toutes les catégories.

Des élus locaux qui dans leur commune, dans leurs départements se mobilisent pour sauver les services publics et répondre aux citoyens.

Des élus avec de grandes causes, comme Robert Badinter qui vient de quitter le Sénat, et qu’il y a toute juste trente ans faisait voter l’abolition de la peine de mort.

Des élus européens qui se lèvent pour la paix et pour l’amitié entre les peuples.

Des femmes qui luttent pour trouver leur place dans des cénacles parfois forts masculins.

Dans toutes les fonctions que j’ai pu exercer, j’ai vu que la grande majorité de ces élus, se mettaient au service de la communauté et voulaient défendre l’intérêt général.

C’est pour protéger toutes ces femmes et ces hommes et pour défendre notre démocratie, que nous devons être intransigeants avec l’infime minorité qui détournent le pouvoir du sens commun au profit de leurs intérêts personnels.

Si nous sommes rassemblés, ici à Rambouillet, pour tenir les premières journées parlementaires de notre jeune mouvement Europe Ecologie – Les Verts, qui est né il y a à peine un an, c’est parce que ce qui nous rassemble c’est une haute conception de la démocratie, de la république et de l’intérêt général.

Nous voulons une république exemplaire, au service d’une véritable transparence dans la démocratie, qui fait que la loi et la justice demeure la même pour tout le monde.

Ce combat pour la démocratie et la transparence est inséparable de notre souci de l’avenir de la planète. Car les mêmes causes génèrent les mêmes effets. C’est à chaque fois l’absence de justice qui met en danger l’humanité.

Lorsqu’une minorité s’accapare le pouvoir, c’est la démocratie qui est en danger.

Lorsque que les ressources naturelles sont détournées au profit de quelques uns, ce sont les équilibres planétaires qui sont menacés.

C’est au nom de la protection du bien commun que je me suis engagée auprès des écologistes. Car la planète et la démocratie, ont un point commun, c’est la nécessité de l’action politique. La politique, c’est notre affaire à tous.

 

J’entends ici ou là les commentaires sur ma campagne. Je veux ici y répondre brièvement.

Je ne patine pas, bien que mes origines nordiques me conduisent à aimer les sports de glisse. Je suis plutôt une skieuse de fond. Je vais à mon rythme, mais je trace mon chemin.

Je veux réussir le rendez vous entre les Français et l’écologie en montrant que nous sommes à la hauteur de la situation que traverse notre pays et notre continent. Il est révolu le temps où certains opposaient le souci de la fin du mois, à celui de la fin du monde. La crise que nous traversons, la plus profonde depuis 1945, nous oblige à repenser notre système de fond en comble et à y apporter des réponses nouvelles. C’est le sens du rassemblement des écologistes que nous avons fondé depuis trois ans.

Dès lors, ne nous y trompons pas, entre la protection de la nature et la défense de la démocratie, je ne choisis pas. Tout au long de ma carrière, en traversant les continents, pour défendre les pêcheurs africains ou pour en finir avec la corruption au plus haut niveau de l’Etat, je n’ai eu qu’une volonté : l’exigence de justice. Et à ce jour, j’en demeure convaincue , c’est par la justice que nous sortirons de la crise.

C’est le sens du contre budget que j’ai présenté la semaine dernière : un new deal écologique et social, qui a rebours du budget mensonger de Nicolas Sarkozy, basé sur des hypothèses de croissance fausses, permet de commencer à réduire la dette sans sacrifier l’avenir du pays et mener une politique d’austérité insoutenable. Ce new deal que je propose engage la conversion écologique de l’économie. C’est un projet d’espoir et de changement, là où certains ne voient plus que résignation et renonciation.

L’envie de changement traverse notre pays. Elle s’est faite jour hier lorsque des Français se sont mobilisés pour voter lors de la primaire socialiste. Cette participation est le signe que les Français ont envie du débat politique, mais elle n’est en aucune manière un blanc-seing donné au parti socialiste. Elle nous invite au contraire à commencer le débat.

Ce débat nous le mènerons devant les citoyens en faisant le choix d’une double alternative.

Tout d’abord, Europe Écologie – Les Verts participera avec force au rassemblement pour réussir l’alternance face à Nicolas Sarkozy. Et c’est pour cela que notre pays cherchera un accord avec la gauche. Le calendrier électoral actuel plaçant la présidentielle avant les législatives nous oblige à procéder de la sorte. Il faudra le remettre dans le bon sens, et élire les députés à la proportionnelle, pour réinsuffler cohérence et démocratie dans nos institutions.

Ensuite, la perspective d’un éventuel accord n’est pas un handicap pour ma campagne. Elle est une chance. Car elle signifie, pour des millions de françaises et de français que les écologistes souhaitent la défaite de l’actuelle majorité, et qu’ils sont prêts à prendre leurs responsabilités.

L’éventuel accord programmatique avec les socialistes en vue des législatives est une plate forme politique pour préparer le changement. C’est un contrat négocié entre partenaires qui indique la base sur laquelle nous pouvons nous mettre d’accord pour affronter de concert l’échéance des législatives.

Mais en aucun cas cet accord n’indique que nous sommes prêts à renoncer à l’autonomie de notre existence ou à l’originalité de notre projet. Cette autonomie, cette originalité, cette différence, je vais les porter tout au long de la campagne présidentielle.

Je dis cela sans esprit de discorde : l’alliance ne doit pas empêcher le débat. D’ailleurs, les français ont en horreur les petites combinaisons entre partis politiques ou tout est arrangé. Et je le dis, toujours sans esprit de discorde, nos partenaires du parti socialiste doivent se tenir prêts au débat. Nous autres écologistes, n’accepterons plus les réponses d’autorité concernant la politique à conduire. Les socialistes pensent toujours avoir le monopole du changement. Et bien nous allons leur démontrer le contraire. Le vrai changement, c’est nous.

Dans cette campagne, nous sommes le pôle du renouveau. C’est à dire le rassemblement de tous ceux qui veulent non seulement battre la droite mais aussi changer de système. Ceux que le bipartisme archaïque entre P.S et UMP ne satisfait plus. Ceux qui savent que le Sarkozysme s’est construit sur les décombres des espoirs déçus. Ceux qui savent que la règle d’or est une hypocrisie dangereuse uniquement partagée par le cercle des satisfaits mais dont le peuple de notre pays ne veut pas. Ceux qui veulent que l’écologie soit centrale dans les années qui viennent, pour bâtir une république durable.

A tous ceux là, qu’ils viennent de la sociale démocratie, des rivages de l’altermondialisme ou du centre humaniste, je donne rendez vous pour m’accompagner dans cette campagne et m’aider à déplacer les lignes de force de notre paysage politique. Forgeons le renouveau par une nouvelle alliance : un rassemblement de citoyens qui oblige les vieilles formations à se départir du poids de leurs habitudes pour affronter la situation de crise qui nous frappe.

Et je leur dis, ne vous trompez pas de bulletin : votez juste.

Voter juste, ce n’est pas juste voter pour battre Sarkozy. C’est voter pour déterminer de quelle politique le pays a besoin. En 2012 pour sortir du nucléaire, il faut voter juste. Pour un plan de lutte contre le réchauffement climatique, il faut voter juste. Pour mettre en place la proportionnelle et le non cumul des mandats, il faut voter juste. Pour sortir de la prohibition et lutter contre l’économie mafieuse dans nos quartiers, il faut voter juste. Pour régulariser les sans papiers, il faut voter juste. Voilà ce que je vais expliquer aux millions d’électeurs qui n’en peuvent plus de la situation actuelle.

La campagne ne fait que commencer. Mais d’ores et déjà on voit bien que le grand débat qui se profile, est un débat entre deux manières d’envisager l’alternance. L’une est mécanique : elle parie sur le ras le bol de Sarkozy et ambitionne uniquement de lui succéder. L’autre est politique : elle parie sur le sursaut de notre peuple et son envie de voir la France se redresser. Dans un cas on élimine seulement, dans l’autre on choisit. Dans un cas on base son vote sur un rejet. Dans l’autre cas on vote pour un projet.

Il nous reste 195 jours pour choisir. 195 jours pour montrer que le changement ne doit pas être une simple alternance, mais bien une véritable alternative.

Avec votre aide et toute votre mobilisation, nous allons présenter notre projet au peuple français qui est mature et mérite une présidentielle qui ne soit pas basée sur un chantage au vote utile, mais bien sur une ambition pour la France.

Je vous remercie.

 

Photo : @MichèleRivasi